
En attendant son jugement, du fond de sa cellule, Nadège Solignac, une institutrice aimée et estimée, livre sa confession. Celle d’une enfant ignorée, seule avec ses peurs. Celle d’une femme manipulatrice et cynique. Celle d’une tueuse en série froide et méthodique. Un être polymorphe. Un visage que vous croisez chaque jour sans le voir. Une ombre. Une ombre assassine.
- Edition : Taurnada
- Genre : Policier/Thriller
- 260 pages
- One Shot
- Lu le 9 novembre 2019
- Un personnage glaçant !

Nadège Solignac est une jeune institutrice qui vient d’être arrêtée et incarcérée suite à la mort d’un policier. Ce dernier l’ayant agressé, elle explique qu’elle se serait débattue, que tous deux seraient tombés dans la piscine et qu’elle aurait tenté de se défendre et l’aurait noyé accidentellement. C’est donc tout naturelle que son avocate plaide la légitime défense. Mais Nadège elle est réellement la victime dans cette histoire ? Alors qu’elle attend le verdict du juge dans sa cellule, Nadège nous raconte son histoire. De son enfance jusqu’à aujourd’hui, elle va nous expliquer comment elle est devenue une tueuse en série et comment elle s’en est sortie jusqu’à présent.
J’ai adoré ce roman même si j’ai quand même un petit point négatif à soulever mais sur lequel je reviendrai plus tard. Ici, Estelle Tharreau a fait le choix de parler de femmes tueuses en série. Un sujet que l’on voit rarement dans les romans policiers et qui, ma foi, a été une très belle découverte pour moi. J’ai été complètement happée par l’histoire dés les premières pages. Le personnage de Nadège est à la fois terrifiant et passionnant à découvrir. C’est une jeune femme froide, dénuée d’amour et de compassion, manipulatrice, remplit de haine envers sa famille, et ce, dès son plus jeune âge. Une véritable psychopathe ! J’ai trouvé ce personnage tellement réaliste que j’en ai froid dans le dos rien qu’en y repensant. Estelle Tharreau a fait un très beau travail sur la psychologie du personnage de Nadège. Ce qu’il en ressort de tout ça ? Et bien que les apparences peuvent être trompeuses et qu’une femme tueuse en série peut être aussi cruelle (peut-être même pire) qu’un homme tueur en série.
A côté de sa personnalité de psychopathe, notre tueuse est une jeune femme brillante. Elle sait adopter facilement un comportement de façade qui fait que personne, pas même son entourage le plus proche, ne la soupçonne. En effet, alors qu’elle nous raconte son histoire l’auteure alterne le récit de Nadège avec des passages, principalement des témoignages, pleins de compassion pour cette dernière. Ce contraste entre la personnalité psychopathe de Nadège et l’image que les gens ont d’elle ne fait qu’accentuer l’angoisse du roman. Tantôt fascinant, tantôt inquiétant, à aucun moment l’auteure ne relâche la pression. Jusqu’au bout la tension est palpable. Il est évident qu’Estelle Tharreau a ici voulu interpeller le lecteur et montrer du doigt les faux semblants.
Mon ombre assassine a été une lecture prenante et addictive. Cela dit, pour moi, il y a une ombre au tableau. J’ai trouvé que le dernier meurtre (je ne dirai pas qui sera la victime pour ne pas spoiler) a été le meurtre de trop. Celui qui a du mal à passer, celui qui était à deux doigts d’enlever de la crédibilité au récit. Celui qui parait invraisemblable. Je veux bien que l’on veut ici faire passer un message comme quoi les apparences sont parfois trompeuses mais attention à ne pas non plus tomber dans l’excès. Avec ce dernier meurtre, on est en droit de se demander pourquoi la police et les proches de Nadège ne creusent pas plus loin ? Cela fait quand même pas mal de coïncidences non ? Du coup, j’ai trouvé qu’à partir de là ça commençait un peu à être trop gros. Heureusement que l’auteure n’est pas allée plus loin sinon, je pense, qu’on serait tombé dans quelque chose de peu crédible. Je reproche également le manque d’investissement de la part de l’inspectrice chargée de l’enquête. Je pensais qu’elle allait gratter un peu plus et que la confrontation avec Nadège allait être plus pimentée. Mais non, l’auteure a voulu se concentrer principalement sur la psychologie de son personnage. Ce qui est bien aussi d’ailleurs.
Pour conclure je dirai que Mon ombre assassine a été une excellente lecture pour ma part. La plume d’Estelle Tharreau était fluide et le récit à la fois addictif et inquiétant. Nadège étant un personnage qui fait froid dans le dos, ce bouquin restera graver dans ma mémoire un petit moment. Il est clair qu’on ne ressort pas indemne de cette lecture puisqu’elle amène à réfléchir et à nous poser des questions. Connaissons-nous réellement les gens que nous fréquentons ? Je ne peux que vous conseiller cette lecture si vous êtes adepte de roman noir ou de roman policier. Ce livre m’a beaucoup fait penser à La perfidie d’un ange d’Evelyne Sants que j’avais adoré également et qui parle aussi d’un enfant psychopathe que l’on suit tout au long de sa vie.
CarolinaBouquine.